Le lundi 25 septembre, à l'occasion de la Journée mondiale des pharmaciens, nous avons interviewé Olivier Jullion, responsable du service de pharmacie des Hôpitaux Iris Sud, ainsi qu'Anne-Elisabeth Petit, pharmacienne hospitalière.
Merci à toutes les équipes de la pharmacie, engagées chaque jour auprès des patients et des soignants !
-
Quelles sont les principales missions d'une pharmacie hospitalière ?
Olivier Jullion : Nos missions principales englobent l'approvisionnement, la préparation, la distribution et la gestion sécuritaire des médicaments et des dispositifs médicaux (implants et matériels stériles). Cela relève de l'aspect logistique de notre métier. Cependant, nous avons également une dimension de soins, qui comprend l'optimisation de la pharmacothérapie des patients et la promotion de l'utilisation appropriée des produits pharmaceutiques au sein de l’hôpital.
-
En quoi les pharmacies hospitalières diffèrent-elles des pharmacies de ville ?
Anne-Elisabeth Petit : Nous partageons une base commune essentielle : notre mission centrale est la garantie de l'usage adéquat des médicaments pour les patients. La majorité des traitements délivrés à l’hôpital correspondent à ceux que l'on trouve dans les pharmacies de ville, et les défis logistiques et d’optimisation thérapeutique sont très similaires, que le pharmacien exerce à l’hôpital ou en ambulatoire. Néanmoins, des distinctions demeurent significatives. Par exemple, certains médicaments sont strictement réservés à un usage hospitalier en raison de la réglementation stricte entourant leur délivrance et leur administration. C'est notamment le cas de certains antibiotiques dits de réserve hospitalière ou nécessitant une surveillance attentive, la délivrance et la supervision de production de chimiothérapies, la gestion des implants… Les pharmaciens hospitaliers reçoivent également une formation avancée en soins pharmaceutiques – pharmacie clinique – qui leur permettent de s’inscrire véritablement dans la démarche d’amélioration de la qualité des soins au patient.
Enfin, l’hôpital fournit un environnement privilégié, notamment parce qu’il facilite la collaboration avec les soignants. La coopération et la concertation au sein de l'hôpital revêtent une importance capitale à l’exercice de nos métiers.
-
Comment fonctionne la pharmacie au sein même des Hôpitaux Iris Sud ?
Olivier Jullion : Le service de pharmacie des Hôpitaux Iris Sud est une équipe composée de pharmaciens hospitaliers et non hospitaliers, d’assistants pharmaceutico-techniques, de magasiniers et d’assistants administratifs, répartis sur les trois sites d'hospitalisation. Cela nous permet d'être au contact de l’ensemble du personnel de soins et des patients.
Les pharmacies présentes sur le site de Molière et d’Etterbeek-Ixelles vont prendre en charge la délivrance des médicaments pour leur site et respectivement pour Joseph Bracops et Baron Lambert.
Chaque site a aussi ses propres spécificités. Par exemple, l’activité des préparations de chimiothérapies intraveineuses est exclusivement réalisée sur Joseph Bracops, la gestion du matériel stérile est centralisée sur le site de Molière Longchamp et la gestion des services de dialyse et de radiologie est centralisée à la pharmacie d’Etterbeek-Ixelles.
L’équipe des dispositifs médicaux implantables, quant à elle, est présente sur les trois sites afin d’être au plus proche des blocs opératoires.
-
Comment la pharmacie des Hôpitaux Iris Sud travaille-t-elle en collaboration avec le personnel soignant pour garantir la sûreté et l'efficacité des traitements médicamenteux ?
Anne-Elisabeth Petit : Il existe diverses activités au sein de la pharmacie hospitalière pour répondre à l’usage sécurisé des médicaments. En ce qui concerne les médicaments, chaque traitement est validé par un pharmacien et la préparation des médicaments pour les patients est soumise à une double vérification pour assurer l’adéquation du traitement avec les prescriptions médicales. Les pharmaciens jouent par ailleurs un rôle important dans les différents comités institutionnels. Par exemple, le comité médico-pharmaceutique définit les médicaments qui doivent être disponibles à l'hôpital et valide les pratiques institutionnelles concernant l’utilisation de ces médicaments. Il existe également un comité similaire pour le matériel médical et pour l’usage rationnel des anti-infectieux au sein de l’hôpital.
Olivier Jullion : La délivrance unitaire au nom du patient participe aussi à renforcer l’utilisation correcte des médicaments.
-
Quels sont les défis auxquels la pharmacie est confrontée et comment les surmontez-vous ?
Olivier Jullion : La pandémie de COVID-19 a été un défi majeur, mais elle est maintenant en grande partie derrière nous. L’actuel plan de redéploiement médical au sein des Hôpitaux Iris Sud est aussi un défi pour la pharmacie. Nous devons adapter nos pratiques pour répondre aux besoins et aux évolutions prévues par ce plan ambitieux, la centralisation de l’activité orthopédique sur le site de Molière Longchamp en est un bon exemple. La pénurie de acteurs de soins de santé est aussi un autre grand défi auquel nous sommes confrontés et qui nous impacte au quotidien.
Anne-Elisabeth Petit : Les ruptures de stocks représentent actuellement un défi majeur. Leur nombre ne cesse d’augmenter et leur gestion implique une logistique aussi complexe que chronophage Cela requiert une adaptation quotidienne de notre mode de travail. Les conséquences dépassent bien sûr largement le cadre strict de la pharmacie avec des répercussions sur le travail des soignants et la qualité des soins aux patients. Là encore, la collaboration au sein de l’hôpital est fondamentale, tant via la mise en place de mesures visant à l’épargne de certains produits que pour la validation d’alternatives.
-
Un petit mot pour les pharmaciennes et pharmaciens en cette journée spéciale ?
Olivier Jullion : Le métier de pharmacien hospitalier est souvent méconnu au sein de la population, et parfois même au sein de l'institution. Pourtant, le pharmacien hospitalier joue un rôle crucial au sein de l'établissement en veillant à ce que tous nos patients bénéficient de produits pharmaceutiques de qualité.