Ce projet a le potentiel de devenir une petite révolution dans l’oncologie belge. Financé par la Fondation contre le cancer, un projet pilote inédit est en cours au sein des Hôpitaux Iris Sud : pour la première fois en Belgique, un casque de photobiomodulation sera utilisé avant le début des traitements de chimiothérapie pour stimuler les follicules pileux des patient.e.s atteint.e.s d’un cancer du sein. Objectif ? Prévenir la chute des cheveux – un effet secondaire souvent vécu comme l’un des plus douloureux psychologiquement par les patient.e.s.
Baptisé Hair-Save, ce projet porté par le Dr Ziad El Ali, oncologue médical et coordinateur du programme des soins oncologiques aux Hôpitaux Iris Sud, marque un tournant. Car si cette technologie – un casque utilisant la thérapie au laser de basse intensité (LLLT), reposant sur la lumière rouge pour stimuler les follicules pileux – a déjà été explorée en oncologie, c’est surtout son usage précoce qui représente ici une avancée significative.
« L’idée est de commencer à stimuler les follicules une semaine avant le début de la chimiothérapie, explique le Dr El Ali. Le but est de préparer le cuir chevelu, de renforcer les cellules capillaires avant qu’elles ne soient attaquées par les traitements cytotoxiques. »

Une innovation née d’un constat humain
Selon les études, près de 70% des patientes considèrent la perte des cheveux comme l’effet secondaire le plus traumatisant de la chimiothérapie. Plus encore, 10% d’entre elles envisageraient même de renoncer au traitement pour cette seule raison.
« Ce chiffre en dit long sur l’impact émotionnel de l’alopécie chimio-induite, souligne le Dr El Ali. Il ne s’agit pas seulement d’un aspect esthétique, mais d’un traumatisme profond qui touche à l’identité, à la féminité, à la vie sociale. »
Comment ça fonctionne ?
Le casque utilisé dans l’étude – à ne pas confondre avec un dispositif esthétique ou cosmétique – émet une lumière laser douce, répartie via 80 diodes directement sur le cuir chevelu. Cette lumière stimule la régénération cellulaire et les follicules pileux. La méthode, appelée photobiomodulation, est déjà reconnue pour son efficacité en médecine esthétique, en cicatrisation post-opératoire et même dans la gestion des ulcères buccaux liés à la chimiothérapie.
Le protocole est simple : trois séances de 20 minutes par semaine, en commençant une semaine avant le traitement, et poursuivies pendant toute la durée de la chimiothérapie.
Une première en Belgique
Une étude similaire a été menée il y a quelques années à Hasselt, mais à une différence près : là-bas, le casque était utilisé après la chute des cheveux, pour accélérer la repousse. Le projet Hair Save des Hôpitaux Iris Sud est donc le premier en Belgique – et parmi les tout premiers en Europe – à tester l’effet préventif de cette technologie.
« C’est cette approche précoce, en amont du traitement, qui est véritablement inédite. Et si les premiers résultats s’avèrent concluants, cela pourrait ouvrir la voie à une prise en charge bien plus humaine et complète des patientes atteintes de cancer du sein. »
Un espoir mesurable rapidement
Le projet, en phase pilote, inclut actuellement deux groupes de 15 patientes : un groupe équipé du casque, et un groupe placebo. Grâce à un suivi rigoureux incluant photographies du cuir chevelu, échelle de perte capillaire et questionnaires de qualité de vie, les premiers résultats sont attendus trois à six mois après le début des traitements.
« Même si la chute des cheveux n’est pas complètement évitée, nous voulons aussi mesurer si le casque permet une repousse plus rapide – un autre élément clé pour le moral des patientes », précise le Dr El Ali.
Une vision d’avenir
Si les résultats s’avèrent prometteurs, les Hôpitaux Iris Sud envisagent déjà d’élargir le dispositif à d’autres types de cancers et à d’autres patients.
« Nous voulons aller au-delà du traitement médical pur. Il s’agit d’une prise en charge globale, plus douce, plus respectueuse de l’humain. C’est notre devoir en tant qu’hôpital public et innovant. »
Un projet à suivre de près…