Une maladie longtemps invisibilisée
L'endométriose est une maladie gynécologique chronique qui touche environ une femme sur dix. Malgré sa prévalence, elle reste souvent méconnue et sous-diagnostiquée. "Pendant longtemps, on a banalisé les douleurs menstruelles. Pourtant, souffrir au point de ne pas pouvoir aller à l'école ou au travail, ce n'est pas normal", explique la Dr Fiona Avau, spécialiste en gynécologie et obstétrique.
Qu'est-ce que l'endométriose ?
L'endomètre est la couche qui tapisse l'utérus et qui s’épaissit chaque mois en prévision d’une grossesse. Chez certaines femmes, des fragments de cet endomètre migrent et se greffent ailleurs dans le corps, principalement dans la cavité abdominale, les ovaires ou encore la vessie. "Ces îlots de tissu réagissent aux cycles hormonaux et provoquent une inflammation chronique, des adhérences et des douleurs intenses, en particulier pendant les règles", précise la spécialiste.
Des symptômes variés, un diagnostic souvent tardif
L'endométriose ne se manifeste pas toujours de la même manière. Parmi les symptômes les plus fréquents :
- Des douleurs menstruelles invalidantes qui ne passent pas avec un simple antidouleur,
- Des douleurs pendant les rapports sexuels,
- Des troubles digestifs ou urinaires qui surviennent pendant les règles (diarrhée, constipation, sang dans les urines),
- Dans les formes plus sévères, des douleurs thoraciques ou nerveuses.
"Le souci, c'est que la gravité de la maladie n'est pas forcément proportionnelle à la douleur ressentie. Certaines femmes avec une forme légère souffrent énormément, tandis que d'autres, atteintes de formes sévères, ressentent peu de symptômes. C’est aussi ce qui rend le diagnostic complexe", explique la Dr Avau.
Une clinique spécialisée pour une prise en charge complète
À la clinique de l’endométriose, une équipe pluridisciplinaire accompagne les patientes :
- Gynécologues spécialisés en chirurgie,
- Radiologues experts dans l’imagerie de l’endométriose,
- Kinésithérapeutes spécialisés dans la gestion de la douleur,
- Psychologues pour le soutien émotionnel.
"Notre objectif est d'offrir un parcours de soins adapté à chaque patiente et de ne plus laisser personne dans l'errance diagnostique", affirme la Dr Avau.
Quels traitements ? Le traitement de l’endométriose repose sur plusieurs axes :
- Traitement médicamenteux :
- Gestion de la douleur avec des anti-inflammatoires,
- Traitements hormonaux (pilule contraceptive, dispositifs intra-utérins hormonaux, etc.) pour réduire les symptômes.
- Approches complémentaires :
- Kinésithérapie pour détendre les muscles contractés par la douleur,
- Nutrition anti-inflammatoire,
- Accompagnement psychologique.
- Chirurgie :
- En dernier recours, lorsque les traitements médicamenteux ne suffisent pas ou que l'endométriose impacte fortement la fertilité.
- "Mais il faut réfléchir avant d'opérer, car chaque chirurgie peut avoir un impact sur la fertilité", prévient la Dr Avau.
- Une évaluation personnalisée est donc essentielle.
Un diagnostic qui s’améliore, mais encore du chemin à parcourir
Grâce à une meilleure sensibilisation, notamment via les réseaux sociaux, les diagnostics sont de plus en plus précoces. "On observe moins d’errance diagnostique qu’il y a 10 ans. Mais la formation des professionnels de santé reste essentielle pour améliorer encore la détection de la maladie et sa prise en charge."
Vers un meilleur accompagnement des patientes
L'endométriose étant une maladie chronique, la prise en charge ne s’arrête pas au diagnostic. "Il est essentiel d’informer les patientes sur leurs options et de leur offrir des solutions adaptées à leur mode de vie et à leurs projets, qu'il s'agisse de gestion de la douleur, de préservation de la fertilité ou simplement d'un accompagnement au quotidien."